Vous trouverez désormais mes cyanotypes (et d’autres réalisations) en vente dans ma boutique « À travers mes yeux ».
Je ne fais pas que de l’internet dans la vie. Je fais plein de choses. Et parmi ces trucs et ces machins, je fais de la photo. Avec un numérique, cela va de soit. Mais j’ai découvert récemment la plaisir de prendre son temps et d’attendre le développement pour voir,enfin, la photo que l’ont a pris 6 mois auparavant. Et de fils en aiguilles (je fais aussi de la couture, mais chut…), je suis passé à l’argentique (en conservant le numérique quand même) et au cyanotype.
Mais qu’est-ce donc qu’un cyanotype ? Terme un peu barbare, ou trop technique, pour parler d’un procédé photographique monochrome.
Cette technique a été mise au point en 1842, mais je vous laisse découvrir l’historique du cyanotype sur Wikipédia.
Je vais me borner ici à vous dire comment en faire vous-même, parce que… C’est bien.
Le matériel
Comme le cyanotype est un procédé par contact, il faut donc un négatif de la taille du résultat.
Donc, si vous souhaitez une photo de format A5, il vous faudra un négatif de cette taille. À moins d’avoir de vieilles plaques photographiques ou une chambre pour faire du grand format, il va être difficile de trouver des négatifs de grandes dimensions.
Du coup, il va falloir se retrancher sur des transparents que vous allez imprimer sur votre bonne vieille imprimante à jet d’encre ou laser. Micro-Application propose des transparents de qualité suffisante. Pour ma part, je suis parti sur des transparents lasers de la marque Apli, référence 01495. Mais je suppose que n’importe quel transparent fera l’affaire. Si vous avez le choix, prenez des transparents d’une bonne épaisseur. Juste pour info : il faut un négatif, donc n’oubliez pas d’inverser le noir & blanc de votre photo avec de l’imprimer !
Il va vous falloir du papier. Mine de rien, ce n’est pas aussi simple que ça. Il faut un papier, paraît-il, pas trop acide. Dans la pratique, ça semble fonctionner avec tout support, que ce soit du papier, du bois ou du tissus pourvu que le support soit poreux pour que les produits chimiques y restent. J’ai pris du papier Canson « C » à grain de 224g. N’oubliez pas qu’il va falloir mettre le papier dans l’eau : trop fin et ce sera difficile de le récupérer.
Les produits chimiques, justement, parlons-en. Il va vous falloir du citrate d’ammonium ferrique et du ferricyanure de potassium. Pas simple à trouver dans la grande surface du coin. Vous en trouverez sur internet et, notamment, sur le site Disactis qui propose également un kit cyanotype bien pratique pour commencer. Ce kit contient les 2 produits ainsi que des seringues et un pinceau (ou un rouleau) pour étaler le produit sur vos feuilles.
Sachez que ces produits chimiques ne sont pas dangereux comme peuvent l’être certains produits utilisés dans d’autres procédés photographiques. Il faut néanmoins la présence d’un adulte. Par exemple, le ferricyanure de potassium peut, sous l’effet de la chaleur, dégager du cyanure d’hydrogène qui, lui, peut-être mortel pour l’homme. Mais vous pouvez faire des cyanotypes avec des enfants, c’est très chouette. Bref…
Enfin, il vous faudra une plaque de verre. Qu’importe la plaque, pourvu qu’elle soit transparente. C’est pour poser sur le négatif, lui-même posé sur la feuille sensibilisée, afin de bien plaquer le négatif sur la feuille. J’ai pris le verre d’un cadre.
Réalisation du cyanotype
Vous avez tout ? Parfait. Allons-y. Il faut d’abord mélanger les 2 produits dans une coupelle et laisser reposer quelques minutes dans la pénombre (pas vraiment obligatoire, mais c’est bien de prendre son temps).
Prenez ensuite le pinceau ou le rouleau et appliquez soigneusement le produit sur vos feuilles. J’ai compté approximativement 1cl pour 1 feuille A5.
Il faut laisser sécher les feuilles au moins 2 heures avant de les utiliser sous peine de voir la photo ne pas tenir après exposition.
Une fois sèches, vous pouvez poser le négatif dessus et la plaque de verre. Le tout sur un support bien plan (j’ai pris une planche de bois).
Et vous placez le tout sous le soleil. Et, croyez-moi, démarrer les cyanotypes en hiver en région parisienne, ce n’est pas une bonne idée. Le temps de sensibiliser les feuilles et hop, le soleil a disparu. J’ai conserver mes feuilles jusqu’à 3 jours dans le noir total. Ce doit être possible de les conserver plus longtemps, je n’ai pas testé.
Au bout de quelques instant (si vous avez un vrai soleil, celui qui chauffe et qui vous envoie plein d’UV), les feuilles vont se colorer en vert foncé, puis virer sur un bleu très foncé. Normalement, 10 à 15 minutes de soleil suffisent. Il m’est arrivé de laisser 3 jours sous des nuages. Ça marche aussi, mais moins bien. Si vous manquez de patience ou que vous habitez en Normandie, vous pourrez avoir recours à une insoleuse. Mais c’est moins amusant.
Voilà un exemple de cyanotype que j’ai fais un peu rapidement. Je n’ai pas laissé la feuille sécher suffisamment de temps. Du coup, j’ai refais un autre essais avec cet oiseau et c’est pourquoi les photos suivantes ne sont pas de la même série.
Passons au développement
Et oui, il va falloir développer. Il faut donc attendre que la feuille soit un peu « brulée », trop exposée avant de développer. N’hésitez pas à laisser un peu trop longtemps au début. Avec l’habitude, vous saurez quand arrêter en fonction de la couleur.
Pour le développement, il suffit de passer la feuille sous l’eau. Là, il paraît qu’une eau acide fera ressortir les bleus. Je rajoute donc un peu de vinaigre blanc à mon eau. Je n’ai pas fait de test sans vinaigre pour l’instant, donc je ne sais pas ce que ça change.
N’hésitez pas à bien laver la feuille car c’est de ce lavage que dépendra la tenu dans le temps du cyanotype.
Enfin, il ne vous reste plus qu’à sécher la feuille, soit à l’air, soit avec un sèche cheveux. Et contemplez enfin votre chef d’œuvre.
Vous pouvez également effectuer un « virage » pour obtenir une autre couleur que le bleu. Il s’agit plutôt d’une coloration d’ailleurs, mais on ne va pas rentrer dans les détails, hein ?! Donc, une façon très simple d’obtenir un cyanotype sépia, c’est de le développer dans un bain au thé. Vous prenez un sachet de thé que vous faites tremper dans de l’eau chaude. Vous ajoutez un peu de bicarbonate de soude et vous lavez vos feuilles avec cette mixture. Vous allez laisser tremper quelques minutes vos feuilles dedans jusqu’à ce que la coloration vous convienne.
Créativité
Et maintenant, laissez parler votre créativité (ou celle de vos enfants) : pourquoi utiliser un négatif ? Vous pouvez utiliser des objets comme des feuilles ou de la terre, des plantes, du papier à bulles…
Et si vous faites des cyanotypes, n’oubliez pas de me les montrer 😉
Vous pouvez acquérir l’un de mes cyanotypes (et d’autres réalisations) dans ma boutique « À travers mes yeux ».
Bonjour,
OK, le pb est que mon imprimante ne me donne pas des négatifs de bonne qualité.
Pourquoi ne pas utiliser un agrandisseur classique, en remplaçant l’ampoule tungstène par une ampoule UV?
Bonjour,
L’usage d’une imprimante est relativement simple et beaucoup de personnes ont une imprimante chez eux. Je pense même d’avantage qu’un agrandisseur. Les imprimantes bas de gamme doivent suffire à produire un négatif de qualité suffisante pour un cyanotype. Il ne faut pas oublier que le résultat final ne sera pas, quoiqu’il en soit, d’une grande finesse.
Maintenant, je me suis posé la même question que vous car j’ai un agrandisseur sous la main. J’ai regardé vite fait sur internet et j’ai vu que ce n’était pas aussi simple que ça. J’ai donc laissé tombé cette idée. La raison principale est que la plupart des objectifs d’agrandisseurs ne laissent pas passer les UV.
Peut-être qu’investir dans une imprimante un peu meilleure serait une solution simple ?!
Je viens juste de découvrir votre réponse, et vous en remercie. Je pense comme vous que l’obstacle potentiel à l’agrandisseur est la non transmission des UV par l’objectif, mais force est de constater qu’une vitre n’empêche pas le soleil d’impressionner le cyanotype.
Le problème de l’imprimante ne concerne pas l’imprimante elle-même, mais les « transparents »: ceux que j’ai essayés donnent une image vraiment grossière.
Cordialement
PC
Il y a « vitre » et « vitre ». La « vitre » des objectifs est traitée (je ne sais comment d’ailleurs, ni pourquoi) de façon à ne pas laisser passer les UV. Un peu comme les lunettes de soleil finalement.
Les transparents que j’utilise (la marque et le modèle sont cités dans l’article) me donnent de bons résultats.
Après, je ne suis pas très difficile. Je ne sais pas ce que signifie « image grossière » pour vous. Il faudrait un exemple pour se rendre compte.
Quoiqu’il en soit, si vous trouvez une solution, venez nous en parler 😉
Quelqu’un peut-il me dire si “un écran de luminothérapie” peut remplacer le soleil ?
Une lampe de luminothérapie n’émet pas de rayon UV (sauf si elle est mal conçue…). Donc, non, ça ne devrait pas fonctionner.
En revanche, des tubes ou lampes UV, oui, ça marchera. Mais attention à ne pas s’exposer soit-même et à exposer uniformément le papier sensibilisé.
Il existe de très bons tutoriels sur internet pour fabriquer son propre caisson UV.
Bonjour,
Tout d’abord, merci pour ton article, très complet sans non plus trop rentrer dans les détails « techniques », ce que je recherchais… (et mer
ci pour le lien pour commander la chimie ! 😉 )
Je souhaite expérimenter des techniques anciennes et alternatives comme celle-ci, et à la suite de ton article je me suis posé une question… Le négatif est complètement foutu après avoir fait un tirage ? Je souhaiterais me servir directement de mes négatifs 120, qui me semblent assez grand pour obtenir quelque chose d’intéressant, mais je ne voudrais pas pour autant les jeter après un seul tirage… Mais bon, à mon avis je n’aurais pas d’autre choix que de les scanner et les imprimer sur du papier transparent… ?
Merci,
Maxime.
Alors non, les négatifs ne sont pas à tirage unique.
Ils sont juste placé sur la feuille sensibilisée. Elle-même sèche. Donc, normalement, pas de problème.
Par contre, comme ils peuvent être au contact du produit, il serait peut-être bon de faire des tests avant d’abîmer un négatif de qualité.
À l’extrême limite, tu peux toujours placer un verre très fin (ou une feuille transparente), laissant passer les UV, entre le négatif et la feuille sensibilisée.
J’espère que tu nous montreras tes travaux 😉
Oui, c’est ce que je me suis dit après avoir épluché ton article avec plus de precision… Comme la feuille est sèche, normalement il n’y aura pas de trace sur le négatif… J’ai suivi tes conseils et imprimé sur un grand transparent pour mes premiers essais… 😉 (je retiens l’idée de placer un transparent entre le néga et la feuille)
Je ne manquerai pas de te montrer mes résultats ! Je pense m’y atteler mi-Septembre.
Bonjour,
Grâce à ton article et tes conseils, j’ai enfin réalisé mes premiers cyanotypes ! 😉 (voir mon commentaire plus haut).
Ils sont en train de sécher, je les mettrais ici quand je les aurais scanné.
J’ai encore une petit question… Tu dis qu’il faut arrêter l’expo lorsque le bleu est bien foncé… Mais, le bleu est sous les parties noires du négatif, donc invisible sans enlever le néga, non ? Du coup, y’a quand même un gros risque que ça bouge si je veux vérifier… ?
🙂
Non, justement, le foncé apparaît sur les zones claires (et donc touchées par le soleil). Normalement, les zones foncées restent claires (c’est le principe du négatif).
Oui tu as raison, pardon… Pour l’instant je n’ai pas obtenu de bleu aussi foncé que sur ta photo, même en le laissant longtemps… Enfin, peut-être que c’est ta photo numérique qui rend ça, mais qu’en réalité la feuille n’était pas aussi foncée !
J’en ai un en train de s’exposer, je vais tenter le virage au thé… 😉
Je me trompe souvent sur les clairs / foncés. Pas simple de s’y retrouver 😉
Quoiqu’il en soit, c’est le résultat qui compte. Après plusieurs essais, tu trouveras le bon réglage.
Bonne chance pour le thé, je n’ai toujours pas trouvé un « réglage » qui fonctionne à chaque fois.
Hey !!
Comme promis, voilà mon premier essai… !
https://www.flickr.com/photos/maximegobet/15040951883/
Joli ! Le résultat est vraiment sympa, tant d’un point de vue technique qu’artistique 🙂
Bonjour,
est-ce-que votre référence de transparents citée ci-dessus fonctionne avec une imprimante à jet d’encre ? Sinon, auriez-vous une référence adaptée dans cette configuration.
Merci.
Bonjour,
À priori, ces transparents fonctionnent aussi sur jet d’encre (c’est inscrit sur le paquet… Mais je doute). Je n’ai pas testé.
Par contre, n’importe quel autre transparent pourra fonctionner.
Je suis passé à la marque « 5 stars OHP film » qui est nettement moins cher. Le résultat étant le même.
Merci pour cette nouvelle référence effectivement au coût plus avantageux. Autre question, la qualité d’impression laser est-elle vraiment bonne pour ces transparents ? ou bien s’orienter vers du jet d’encre, toujours dans le but d finaliser des cyanotypes. Merci encore.
D’après mes différents tests, la qualité jet d’encre est meilleure (mais pas de loin) que le laser. Le laser laissant une trame très claire.
Mais en gros, les 2 solutions se valent.
ok, je vais me lancer. Une dernière chose après je vous laisse tranquille. J’ai dans une boite au grenier des plaques de verres exposées en négatif. Puis-je suivre selon votre méthode tirer en cyanotype, à savoir: plaque de verre sur papier enduit des solutions de cyano et ensuite exposer au soleil?
À priori oui. Le but étant d’avoir un négatif qui masquera des zones sur la feuille (vous pouvez utiliser des brindilles, des feuilles d’arbres… comme masque d’ailleurs).
Par contre, faites attention au plaques : elles sont peut-être fragiles. Peut-être que le contact avec le produit ne sera pas bon. Faites des tests sur une plaque à laquelle vous ne tenez pas avant de commencer réellement ?!
Bonjour, je découvre cet article tard; je fais des cyanotypes et j’ai déjà publié sur mon blog 2 articles (fin aôut), le 3° (et dernier) ce soir (je vous invite à le lire, j’y mettrai mes propres réflexions à propos de mes essais), car pour ma part, je teste (avec plus ou moins de succès) sur des tissus; je voudrais savoir si ce ton sépia que vous obtenez sur papier peut l’être sur tissu, j’essaierai l’an prochain mais je ne vois pas pourquoi sur tissu, ça ne marcherait pas; ensuite, une question, j’ai passé mon produit sur des toiles 100% coton tendues sur chassis, avec des transparents, ça CA A ECHOUE; je pense que c’est parce que la toile n’étant pas soutenue « affiche » une certaine transparence; il faudrait la « bloquer » avec des journaux pliés en 4…………..? A suivre!
si vous refaites un article ou des essais, sachez que sur du jaune, on obtient du vert; dites à vos lecteurs de tenter sur d’autres couleurs; ça vaut le coup…….Excusez-moi pour la longueur!
Bonjour, bonjour.
Je ne pourrais pas répondre à toutes vos questions pour la simple et bonne raison que le seul essais que j’ai voulu faire sur tissus s’est soldé par un échec. Et je n’ai pas eu le temps de recommencer (mais je le prendrais un jour).
En effet, aucune raison que le thé ne marche pas sur du tissus. Quoiqu’il en soit, le thé va colorer le tissus de toute façon. Pour le cyanotype, il devrait changer de couleur également, puisqu’il s’agit d’une réaction chimique entre les tanins du thé et les sels de fer.
Il va falloir faire des essais !
Pour la « transparence » des toiles, je ne peux vous répondre.
Et merci pour l’astuce du jaune / vert. Quelque chose me dit que je vais pouvoir encore faire pas mal de tests.
À suivre donc 😉
Merci d’avoir pris le temps de répondre!! Surle rouge bien sûr, onobtient du violet, etc………..;j’ai montré cela sur mon blog (http://www.artisanne-textile.fr)
Au revoir!!
Bonjour, pensez vous que du papier japonais Washi pourrais faire l’affaire ?
Pour tout dire, je ne sais pas.
Il faut essayer (et nous dire si ça marche !).
Bonjour
savez où je peux acheter une ampoule UV pour faire une insolation format 60×80 cm environ
Bonjour, désolé, mais je ne sais pas. Mais en faisant une recherche rapide sur internet, vous devriez trouver.
Pour une surface 60×80, je pense qu’il faut plutôt prendre des tubes qu’une simple ampoule.